Coévolution

L’histoire nous dit que les chiens ont été les tout premiers animaux à être domestiqués par les êtres humains, et demeure le seul grand carnivore à l’être. La première preuve de la domestication des chiens date d’il y a plus de 14 000 ans — il s’agit de la présence d’un chien enterré avec des humains. D’autres trouvailles datant de 36 000 ans pourraient indiquer une domestication beaucoup plus ancienne.

Étonnamment, un événement majeur dans l’évolution humaine s’est produit juste avant les premières preuves de domestication canine — la disparition des hommes de Néandertal. Cette espèce prospérait en Europe bien avant l’arrivée des Homo sapiens, mais les Homo sapiens ont réussi à faire concurrence à leurs cousins évolutionnaires, ce qui a amené à l’extinction de l’homme de Néandertal il y a environ 40 000 ans. C’est la théorie de Pat Shipman (doctorat) qui prouve que la coopération avec les chiens a permis aux homo sapiens de mieux survire lors des changements climatiques, une période de vulnérabilité extrême. Les premiers humains partageaient une structure sociale et des stratégies de chasse coopérative similaires aux chiens, permettant aux deux espèces de coexister dans le respect, menant éventuellement à des liens émotionnels.

Les chiens et les humains évoluent côte à côte depuis des milliers d’années. On peut percevoir ceci non seulement grâce aux évidences archéologiques, mais aussi grâce aux analyses génétiques. Une étude menée en 2014 démontre que les deux espèces ont vécu des changements similaires dans leurs gènes. Les processus de digestion, du métabolisme et du cerveau (comme le transfert de sérotonine) se ressemblent drôlement chez les deux espèces. Des études scientifiques ont aussi démontré que le niveau d’ocytocine, aussi appelés l’« hormone de l’amour », augmente chez les chiens et les humains lorsqu’ils entrent en contact physique avec des individus de l’autre espèce.

Les chiens et les humains ont influencé mutuellement leurs trajectoires évolutives et ont défini le monde social dans lequel les deux espèces vivent aujourd’hui. La similarité des tendances génétiques et de l’activité hormonale n’est d’ailleurs pas présente chez les loups sauvages ; seulement chez les chiens domestiqués, ceux qui ont été nos partenaires d’évolution.

Nous ne pouvons pas savoir exactement quand et comment le chien est devenu le meilleur ami de l’homme, mais nous sommes extrêmement reconnaissants envers ce moment dans l’histoire.